Qui m'a couvé neuf mois dans son
sein gros d'alarmes
Qui salua ma vie avec des pleurs joyeux
Qui sous ses longs baisers éparpillait mes larmes
C'est ma mère. Une mère en ses bras pleins de charmes,
Nous reçoit tout tremblants quand nous tombons des cieux.
Qui relevait mes pas quand je rampais à terre,
Forte de son sourire où s'arrêtaient mes pleurs
Sa bouche sur ma bouche, oh ! qui me faisait taire
C'est ma mère ! une mère avec un saint mystère,
Enveloppe nos cris dans ses chants ou ses fleurs !
Qui soutenait ma tête et retenait ma vie,
Quand mon berceau brûlait de mes fièvres d'enfant
Qui promettait le monde à ma rêveuse envie ?
C'est ma mère. Une mère à toute heure est suivie
D'un ange à la main pleine, au rire triomphant !
Qui, lorsque l'insomnie ouvrait mes yeux dans l'ombre,
Me faisait des tableaux plus doux que le sommeil
Qui m'apprenait que Dieu veille la nuit dans l'ombre
C'est ma mère. Une mère a des secrets sans nombre,
Pour délecter notre âme à l'heure du réveil.
Quand elle eut délié ma langue à
la prière,
Qui battait la mesure à mes douces chansons
Sur mon livre muet qui versa la lumière ?
C'est ma mère. Une mère ouvre notre paupière;
Au feu de ses regards, moi, j'ai lu mes leçons.
Quand elle vieillira.... Dieu ! n'est-ce pas un rêve
Elle a dit qu'elle aura bientôt des cheveux blancs;
Qu'elle s'inclinera comme un jour qui s'achève,
Cette mère. A son cœur nous prenons tant de sève !
Dis, que ce sera triste à voir ses pas tremblants .
Si tu veux, nous irons où l'on trouve des roses,
Pour lier une fleur à chacun de ses jours;
Nous irons dans un bois sombre et loin si tu l'oses,
Et nous la retiendrons par tant de belles choses,
Qu'à force d'être heureuse elle vivra toujours .